Réfugiés au Maroc

Des milliers de migrants et de réfugiés sont attrapés au Maroc, un pays où les Droits de l’Homme ne sont pas respectés, et où ils n’ont pas une garantie de protection adéquate.

refugiado caminando pensativo

Testimonios

Majid Almasri

Majid Almasri

21 años - Syrie

Testimonios

« Je ne sais pas comment j’au parvenu à gravir le mur de terre de 7 mètres qui me séparait du Maroc. Ils nous montèrent dans une automobile pleine de bouteilles d’essence et nous conduisirent à Oujda ».

Ma famille avait demandé l’asile en Espagne et m’attendait là-bas, je fus le dernier à réussir à arriver. Quand je mis mes pieds en Algérie j’éprouvai un sentiment très étrange, il s’était écoulé plus d’un an sans vois mes parents, mais j’étais un peu plus proche d’eux.

Trois jours plus tard, je me mis en contact avec un passeur pour franchir la frontière avec le Maroc en échange de 500 euros. Nous traversâmes pendant la nuit, lorsque nous arrivâmes  au Maroc le passeur disparut et je fus arrêté par la police marocaine avec un garçon palestinien. Ils nous mirent dans une chambre de 3 h 00 jusqu’à 20 h 00 du lendemain, éveillés et sans ne nous donner rien à manger. Nous leur dîmes que nous étions des réfugiés et que nous avions besoin de Protection. Après nous poser des centaines de questions ils nous assurèrent que nous étions hors de danger et qu’ils allaient nous amener à la ville plus proche. Mais ils ne le firent pas. Ils nous introduisirent dans une voiture et nous ramenèrent à nouveau à la frontière avec l’Algérie. Ils nous poussèrent et nous crièrent que si nous arrêtions de marcher ils nous mettraient une balle. La nuit tomba et nous ne savions pas le chemin. Nous fûmes obligés à traverser une rivière, et, tous mouillés, nous continuâmes à marcher pendant plus de quatre heures jusqu’à arriver à un village. Dans l’obscurité, nous parvînmes à entendre au loin d’autres trafiquants qui guidaient des groupes de gens, nous étions terrifiés.

Lorsque la police algérienne nous trouva, ils pointèrent leurs armes sur nous et ils nous demandèrent en criant de nous identifier. Nous dîmes que nous étions Syriens et leur attitude envers nous changea. Ils nous offrirent de l’eau et des cigarettes et ils furent très gentils. Ensuite, l’un d’eux, qui semblait le chef, me demanda si j’avais de l’argent sur moi, il me fouilla et il trouva 3 000 euros et mon portable. Le lendemain, ils nous conduisirent devant un juge qui nous laissa libres. Je ne revis jamais mon argent.

Je suis resté en Algérie pendant deux mois et demi dans des conditions effroyables. Avec d’autres syriens, nous louâmes une maison. Nous dormions par terre entourés par les cafards et les rats. La salle de bain était un trou dans le sol dans une cour, nous n’avions même pas une douche. J’avais besoin de 500 euros pour essayer de traverser la frontière encore une fois.

La deuxième fois j’ai marché dans la nuit pendant plus de trois heures. Nous arrivâmes à un ravin d’une profondeur d’environ 7 mètres. Un des passeurs m’avertit que la police était derrière nous et qu’ils allaient nous attraper. Lorsque j’ai sauté le ravin je me blessai la jambe en tombant, mais mon adrénaline était si haute et mon cœur battait si vite que, à ce moment-là, je ne sentais rien. Je ne sais pas comment j’au parvenu à gravir le mur de terre de 7 mètres qui me séparait du Maroc. Ils nous introduisirent dans une voiture pleine de bouteilles d’essence des passeurs, qui nous attendait, et ils nous conduisirent à Oujda. Là-bas, nous arrivâmes en un taxi à Nador. Le chauffeur du taxi nous dit qu’il allait nous amener à un hôtel où allaient dormir les syriens. Quand nous arrivâmes à l’hôtel ma jambe me tuait de douleur.

Je restai à Nador pendant presque une semaine, je payai encore 300 euros à des passeurs pour qu’ils m’aidèrent à traverser la frontière entre le Maroc et l’Espagne. Les deux premières fois que je l’essayai, la police marocaine m’a découvert et m’a bloqué le chemin. La troisième fois, le trafiquant vint avec moi, il m’indiqua à côté de quel policier je devais passer, et quand nous étions « en terre de personne », le passeur me dit « ne regarde pas en arrière, marche normalement et que lorsque tu arriveras à la partie espagnole montre-lui ton passeport à la police espagnole. » C’est ce que je fis.

Testimonios

« Je ne sais pas comment j’au parvenu à gravir le mur de terre de 7 mètres qui me séparait du Maroc. Ils nous montèrent dans une automobile pleine de bouteilles d’essence et nous conduisirent à Oujda ».

Ma famille avait demandé l’asile en Espagne et m’attendait là-bas, je fus le dernier à réussir à arriver. Quand je mis mes pieds en Algérie j’éprouvai un sentiment très étrange, il s’était écoulé plus d’un an sans vois mes parents, mais j’étais un peu plus proche d’eux.

Trois jours plus tard, je me mis en contact avec un passeur pour franchir la frontière avec le Maroc en échange de 500 euros. Nous traversâmes pendant la nuit, lorsque nous arrivâmes  au Maroc le passeur disparut et je fus arrêté par la police marocaine avec un garçon palestinien. Ils nous mirent dans une chambre de 3 h 00 jusqu’à 20 h 00 du lendemain, éveillés et sans ne nous donner rien à manger. Nous leur dîmes que nous étions des réfugiés et que nous avions besoin de Protection. Après nous poser des centaines de questions ils nous assurèrent que nous étions hors de danger et qu’ils allaient nous amener à la ville plus proche. Mais ils ne le firent pas. Ils nous introduisirent dans une voiture et nous ramenèrent à nouveau à la frontière avec l’Algérie. Ils nous poussèrent et nous crièrent que si nous arrêtions de marcher ils nous mettraient une balle. La nuit tomba et nous ne savions pas le chemin. Nous fûmes obligés à traverser une rivière, et, tous mouillés, nous continuâmes à marcher pendant plus de quatre heures jusqu’à arriver à un village. Dans l’obscurité, nous parvînmes à entendre au loin d’autres trafiquants qui guidaient des groupes de gens, nous étions terrifiés.

Lorsque la police algérienne nous trouva, ils pointèrent leurs armes sur nous et ils nous demandèrent en criant de nous identifier. Nous dîmes que nous étions Syriens et leur attitude envers nous changea. Ils nous offrirent de l’eau et des cigarettes et ils furent très gentils. Ensuite, l’un d’eux, qui semblait le chef, me demanda si j’avais de l’argent sur moi, il me fouilla et il trouva 3 000 euros et mon portable. Le lendemain, ils nous conduisirent devant un juge qui nous laissa libres. Je ne revis jamais mon argent.

Je suis resté en Algérie pendant deux mois et demi dans des conditions effroyables. Avec d’autres syriens, nous louâmes une maison. Nous dormions par terre entourés par les cafards et les rats. La salle de bain était un trou dans le sol dans une cour, nous n’avions même pas une douche. J’avais besoin de 500 euros pour essayer de traverser la frontière encore une fois.

La deuxième fois j’ai marché dans la nuit pendant plus de trois heures. Nous arrivâmes à un ravin d’une profondeur d’environ 7 mètres. Un des passeurs m’avertit que la police était derrière nous et qu’ils allaient nous attraper. Lorsque j’ai sauté le ravin je me blessai la jambe en tombant, mais mon adrénaline était si haute et mon cœur battait si vite que, à ce moment-là, je ne sentais rien. Je ne sais pas comment j’au parvenu à gravir le mur de terre de 7 mètres qui me séparait du Maroc. Ils nous introduisirent dans une voiture pleine de bouteilles d’essence des passeurs, qui nous attendait, et ils nous conduisirent à Oujda. Là-bas, nous arrivâmes en un taxi à Nador. Le chauffeur du taxi nous dit qu’il allait nous amener à un hôtel où allaient dormir les syriens. Quand nous arrivâmes à l’hôtel ma jambe me tuait de douleur.

Je restai à Nador pendant presque une semaine, je payai encore 300 euros à des passeurs pour qu’ils m’aidèrent à traverser la frontière entre le Maroc et l’Espagne. Les deux premières fois que je l’essayai, la police marocaine m’a découvert et m’a bloqué le chemin. La troisième fois, le trafiquant vint avec moi, il m’indiqua à côté de quel policier je devais passer, et quand nous étions « en terre de personne », le passeur me dit « ne regarde pas en arrière, marche normalement et que lorsque tu arriveras à la partie espagnole montre-lui ton passeport à la police espagnole. » C’est ce que je fis.

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Taha

Taha

24 años - Palestine

Testimonios

« Après la première nuit à Nador, nous essayâmes de traverser la frontière à Melilla. Mes compagnons réussirent à passer, mais moi je fus arrêté. »

Mes parents étaient des réfugiés palestiniens en Syrie. J’ai grandi dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk (Damas). Lorsque le camp est devenu un enfer, je suis parti en Algérie pour poursuivre mes études, mais une fois finis mes études je ne pouvais pas renouveler ma carte de résident.

Sans pièce d’identité, et les mains vides, je décidai de partir au Maroc: je contactai un passeur et trois jours après nous nous dîmes rendez-vous à Maghnia (Algérie). J’allais ensemble avec un groupe de jeunes gens, nous lui payâmes 300 dollars chacun et il nous conduisit à la frontière; il lui fit un signe au flic de service, qui leva la barrière et nous fit traverser rapidement : nous étions entrés au Maroc en plein jour.

De l’autre côté nous attendait une voiture pour nous emmener à Oujda, et de là une autre voiture différente nous emmena à Nador. Après la première nuit à Nador, nous essayâmes de traverser la frontière à Melilla. Mes compagnons réussirent à passer, mais moi je fus arrêté. J’essayai vainement pendant une semaine de traverser la frontière : déguisé en cycliste, en porteur, camouflé entre les gens… je l’essayais chaque jour avec des différentes tenues pour ne pas me faire remarquer, mais c’était moi qui étais toujours arrêté, juste moi. Une fois ils m’ont menotté et emmené dans une pièce où ils m’ont retenu pendant quatre heures en me posant des questions: Qui est-tu? Que prétends-tu? Où veux-tu aller? Pourquoi? Pourquoi? Et pourquoi? Je me souviens du mauvais traitement et de l’angoisse de ne savoir pas si je pourrais sortir de là.

Après presque un mois à Nador, je ne perdis pas l’espoir, car il me restait encore une dernière option: nager.

J’étais seul, il était 01 h 30, je ne portais rien sur moi sauf mon passeport, enveloppé soigneusement dans un plastique et collé à mon corps. Il y avait beaucoup de vent et la mer était agitée, la dernière chose que je pensai avant de sauter dans l’eau ce fut que je ne voulais pas mourir.
Je nageai pendant quatre heures éternelles en luttant contre les vagues, j’étais uniquement entouré de l’eau et je voyais dans la distance la lumière qui m’indiquait le but: Melilla, Espagne.

Il faisait encore nuit quand j’arrivai, je sentais que je perdais conscience, soudain, je fus écrasé contre les rochers, qui étaient pleins d’oursins et me clouèrent ses pointes dans les jambes, je me réveillai et avec le peu de force qui me restait, je réussis à arriver à la surface, où heureusement, m’aidai un groupe de personnes.

Il a longtemps de cette nuit fatidique, mais je me souviens comme si c’était hier. Actuellement j’habite en Espagne parce qu’au Maroc je n’ai pas trouvé pas la protection que je cherchais, et je conserve encore l’espoir de me réunir avec ma famille, qui survit à Yarmouk. Ils sont des réfugiés palestiniens. Ils ne disposent pas d’un passeport pour voyager. Ils sont des réfugiés dans un pays d’accueil dévasté par la guerre.

Testimonios

« Après la première nuit à Nador, nous essayâmes de traverser la frontière à Melilla. Mes compagnons réussirent à passer, mais moi je fus arrêté. »

Mes parents étaient des réfugiés palestiniens en Syrie. J’ai grandi dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk (Damas). Lorsque le camp est devenu un enfer, je suis parti en Algérie pour poursuivre mes études, mais une fois finis mes études je ne pouvais pas renouveler ma carte de résident.

Sans pièce d’identité, et les mains vides, je décidai de partir au Maroc: je contactai un passeur et trois jours après nous nous dîmes rendez-vous à Maghnia (Algérie). J’allais ensemble avec un groupe de jeunes gens, nous lui payâmes 300 dollars chacun et il nous conduisit à la frontière; il lui fit un signe au flic de service, qui leva la barrière et nous fit traverser rapidement : nous étions entrés au Maroc en plein jour.

De l’autre côté nous attendait une voiture pour nous emmener à Oujda, et de là une autre voiture différente nous emmena à Nador. Après la première nuit à Nador, nous essayâmes de traverser la frontière à Melilla. Mes compagnons réussirent à passer, mais moi je fus arrêté. J’essayai vainement pendant une semaine de traverser la frontière : déguisé en cycliste, en porteur, camouflé entre les gens… je l’essayais chaque jour avec des différentes tenues pour ne pas me faire remarquer, mais c’était moi qui étais toujours arrêté, juste moi. Une fois ils m’ont menotté et emmené dans une pièce où ils m’ont retenu pendant quatre heures en me posant des questions: Qui est-tu? Que prétends-tu? Où veux-tu aller? Pourquoi? Pourquoi? Et pourquoi? Je me souviens du mauvais traitement et de l’angoisse de ne savoir pas si je pourrais sortir de là.

Après presque un mois à Nador, je ne perdis pas l’espoir, car il me restait encore une dernière option: nager.

J’étais seul, il était 01 h 30, je ne portais rien sur moi sauf mon passeport, enveloppé soigneusement dans un plastique et collé à mon corps. Il y avait beaucoup de vent et la mer était agitée, la dernière chose que je pensai avant de sauter dans l’eau ce fut que je ne voulais pas mourir.
Je nageai pendant quatre heures éternelles en luttant contre les vagues, j’étais uniquement entouré de l’eau et je voyais dans la distance la lumière qui m’indiquait le but: Melilla, Espagne.

Il faisait encore nuit quand j’arrivai, je sentais que je perdais conscience, soudain, je fus écrasé contre les rochers, qui étaient pleins d’oursins et me clouèrent ses pointes dans les jambes, je me réveillai et avec le peu de force qui me restait, je réussis à arriver à la surface, où heureusement, m’aidai un groupe de personnes.

Il a longtemps de cette nuit fatidique, mais je me souviens comme si c’était hier. Actuellement j’habite en Espagne parce qu’au Maroc je n’ai pas trouvé pas la protection que je cherchais, et je conserve encore l’espoir de me réunir avec ma famille, qui survit à Yarmouk. Ils sont des réfugiés palestiniens. Ils ne disposent pas d’un passeport pour voyager. Ils sont des réfugiés dans un pays d’accueil dévasté par la guerre.

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Fátima

Fátima

35 años - Syria

Testimonios

«Nous obtînmes un visa pour la Mauritanie, avec l’intention de traverser le Mali et l’Algérie. Ensuite, nous restâmes pendant trois semaines  dans un hôtel à Nador»

La situation au Liban était désespérée. Sans pièces d’identité, sans accès à l’assistance médicale, en vivant dans des conditions sordides et sans pouvoir inscrire à l’école à mes enfants. Pour le bien de ma famille, mon mari et moi décidâmes d’essayer d’arriver en Europe et demander d’asile.

D’autres réfugiés syriens amis à moi m’avaient expliqué qu’en Afrique du Nord il y avait une ville appelée Melilla qui appartenait à l’Espagne, c’est-à-dire, à l’Union européenne, et où on pouvait demander Protection Internationale. Nous demandâmes un visa pour l’Algérie, et bien que nous puissions démontrer que nous avions de l’argent en garantie, on nous le refusa deux fois.

Alors, nous décidâmes de partir au Soudan avec les enfants, en payant une grosse somme d’argent, avec l’intention de passer en Égypte illégalement. Nous pensions qu’en Égypte nous serions capables de commencer une nouvelle vie et d’oublier l’idée de l’Europe. Nous nous inscrivîmes aux Nations Unies et nous attendîmes, et attendîmes et attendîmes.

La situation était à peu près comme au Liban. Mon mari et moi ne pensions qu’à la façon dont nous allions fournir un abri et de la nourriture à nos enfants, comment nous pourrions leur donner une éducation lorsque nos économies d’une vie entière fuirent épuisées, l’argent que nous avions obtenu après avoir tout vendu. Et l’argent était en train de finir. Nous devions prendre nos risques, nous devions atteindre Melilla. Si nous ne voulions pas voir nos enfants se noyer dans la mer, nous devions atteindre Melilla.

Nous obtînmes un visa pour la Mauritanie, avec l’intention de traverser le Mali et d’atteindre l’Algérie. Après avoir contacté les trafiquants de personnes, nous payâmes 1 500 euros par adulte et 1 700 euros pour chacun de mes enfants. Le trajet était extrêmement dangereux. Nous savions que, à n’importe quel moment des milices pouvaient nous arrêter au bout du fusil et nous voler toutes nos affaires. On avait entendu des histoires de garçons africains qui ont dit qu’ils n’avaient pas d’argent avec eux et qui ont été abattus et jetés dans un fossé au milieu du désert. Dans les camions et autobus nous voyageâmes avec des garçons subsahariens très jeunes. Nous avions seulement de l’eau et des biscuits pour le voyage. Je priais tout le temps pour qu’il ne nous arrivât rien, pour qu’on ne violât pas ma femme, pour qu’on ne fît pas de mal à mes enfants. Nous n’avons jamais eu si peur dans toute notre vie.

Nous arrivâmes enfin en Algérie et la première chose que nous fîmes ce fut nous inscrire aux Nations Unies. Un passeur nous offrit de nous conduire à toute la famille jusqu’à la frontière avec le Maroc en échange de 2 000 euros et nous acceptâmes. Nous traversâmes la nuit. Nous portions les enfants dans nos bras, nous dûmes traverser une rivière, nous marchions rapidement sans à peine voir. Mon mari était extrêmement fatigué. Je répétais à mes enfants de ne pas pleurer, de ne pas faire de bruit.

Nous restâmes dans un hôtel à Nador pendant trois semaines, en essayant de négocier avec un et autre passeur. Tous demandaient beaucoup d’argent pour les enfants. Enfin, une femme marocaine qui était passeur, qui semblait connaître tout le monde à la frontière, nous demanda 1 000 euros chacun pour nous aider à arriver à la frontière espagnole. Nous arrivâmes en Espagne sans presque rien d’argent dans ses poches. Nous avions dépensé tout l’argent. Mais nous étions en sécurité, ma famille était en sécurité. Ce soir-là, mon fils de six ans me dit qu’il voulait être vétérinaire quand il grandit, comme moi.

Testimonios

«Nous obtînmes un visa pour la Mauritanie, avec l’intention de traverser le Mali et l’Algérie. Ensuite, nous restâmes pendant trois semaines  dans un hôtel à Nador»

La situation au Liban était désespérée. Sans pièces d’identité, sans accès à l’assistance médicale, en vivant dans des conditions sordides et sans pouvoir inscrire à l’école à mes enfants. Pour le bien de ma famille, mon mari et moi décidâmes d’essayer d’arriver en Europe et demander d’asile.

D’autres réfugiés syriens amis à moi m’avaient expliqué qu’en Afrique du Nord il y avait une ville appelée Melilla qui appartenait à l’Espagne, c’est-à-dire, à l’Union européenne, et où on pouvait demander Protection Internationale. Nous demandâmes un visa pour l’Algérie, et bien que nous puissions démontrer que nous avions de l’argent en garantie, on nous le refusa deux fois.

Alors, nous décidâmes de partir au Soudan avec les enfants, en payant une grosse somme d’argent, avec l’intention de passer en Égypte illégalement. Nous pensions qu’en Égypte nous serions capables de commencer une nouvelle vie et d’oublier l’idée de l’Europe. Nous nous inscrivîmes aux Nations Unies et nous attendîmes, et attendîmes et attendîmes.

La situation était à peu près comme au Liban. Mon mari et moi ne pensions qu’à la façon dont nous allions fournir un abri et de la nourriture à nos enfants, comment nous pourrions leur donner une éducation lorsque nos économies d’une vie entière fuirent épuisées, l’argent que nous avions obtenu après avoir tout vendu. Et l’argent était en train de finir. Nous devions prendre nos risques, nous devions atteindre Melilla. Si nous ne voulions pas voir nos enfants se noyer dans la mer, nous devions atteindre Melilla.

Nous obtînmes un visa pour la Mauritanie, avec l’intention de traverser le Mali et d’atteindre l’Algérie. Après avoir contacté les trafiquants de personnes, nous payâmes 1 500 euros par adulte et 1 700 euros pour chacun de mes enfants. Le trajet était extrêmement dangereux. Nous savions que, à n’importe quel moment des milices pouvaient nous arrêter au bout du fusil et nous voler toutes nos affaires. On avait entendu des histoires de garçons africains qui ont dit qu’ils n’avaient pas d’argent avec eux et qui ont été abattus et jetés dans un fossé au milieu du désert. Dans les camions et autobus nous voyageâmes avec des garçons subsahariens très jeunes. Nous avions seulement de l’eau et des biscuits pour le voyage. Je priais tout le temps pour qu’il ne nous arrivât rien, pour qu’on ne violât pas ma femme, pour qu’on ne fît pas de mal à mes enfants. Nous n’avons jamais eu si peur dans toute notre vie.

Nous arrivâmes enfin en Algérie et la première chose que nous fîmes ce fut nous inscrire aux Nations Unies. Un passeur nous offrit de nous conduire à toute la famille jusqu’à la frontière avec le Maroc en échange de 2 000 euros et nous acceptâmes. Nous traversâmes la nuit. Nous portions les enfants dans nos bras, nous dûmes traverser une rivière, nous marchions rapidement sans à peine voir. Mon mari était extrêmement fatigué. Je répétais à mes enfants de ne pas pleurer, de ne pas faire de bruit.

Nous restâmes dans un hôtel à Nador pendant trois semaines, en essayant de négocier avec un et autre passeur. Tous demandaient beaucoup d’argent pour les enfants. Enfin, une femme marocaine qui était passeur, qui semblait connaître tout le monde à la frontière, nous demanda 1 000 euros chacun pour nous aider à arriver à la frontière espagnole. Nous arrivâmes en Espagne sans presque rien d’argent dans ses poches. Nous avions dépensé tout l’argent. Mais nous étions en sécurité, ma famille était en sécurité. Ce soir-là, mon fils de six ans me dit qu’il voulait être vétérinaire quand il grandit, comme moi.

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Helmi

Helmi

49 años - Yemen

Testimonios

« Mon intention n’était pas d’arriver en Espagne, mais à n’importe quel pays sûr auquel ma famille pourrait vivre en paix et sans crainte de mourir dans un bombardement. Comme il ne fut pas possible de demander d’asile à l’ambassade d’Algérie, je dus traverser le Maroc pour arriver à Melilla ».

La situation au Yémen était désespérée. Ma famille et moi nous appartenons à une minorité persécutée, et quand la guerre arriva à Taïz, notre région d’origine, au sud du pays, je craignis voir mes enfants mourir. L’un d’eux fut blessé lors un raid aérien, ce qui fut le déclencheur pour décider enfin de fuir en septembre 2015.

Nous allâmes d’abord à Sanaa, la capitale, où il semblait que tout était un peu plus calme, et où m’attend encore ma deuxième femme avec 5 de mes filles. De là, je partis tout seul, pour explorer la voie avant le reste de ma famille. Quand j’essayais d’atteindre Algérie je fis d’abord escale dans un aéroport militaire saoudien, ensuite en Jordanie et finalement à Annaba, où habite un frère de ma femme.

Je suis resté là-bas avec lui pendant 3 mois, en essayant de travailler sur quelque chose qui me permit d’obtenir de l’argent pour continuer le voyage, puis j’arrivai à Oran, la capitale algérienne, où je passai encore 3 mois en attendant pour rencontrer ma première femme et 2 de mes plus jeunes enfants, âgés de 2 et 4 ans, et mon fils blessé, qui ont réussi à me rejoindre en février 2016.

À Oran nous essayâmes de demander d’asile à plusieurs ambassades de différents pays, mais personne ne nous aida, nous dûmes chercher d’autres options pour parvenir à nous installer dans un endroit sûr. À l’ambassade d’Espagne à Oran, ils nous ont même dit que cette option n’existait pas. Nous y rencontrâmes un groupe de Syriens qui nous dit qu’ils allaient à Melilla, et nous décidâmes de nous joindre à eux pour essayer ainsi d’arriver en Espagne. En raison du coût élevé qu’allait nous supposer ce voyage (car nous savions que nous allions devoir payer à des passeurs), nous dûmes laisser notre fils blessé en Algérie avec son oncle, parce que la vente des biens avec valeur qui nous restaient (surtout des bijoux de ma femme) ne serait pas suffisant.

Le plus difficile ce fut de traverser la frontière entre l’Algérie et le Maroc, ce qui nous coûta environ 1 000 euros en total. Les passeurs nous laissèrent seuls la nuit et nous dûmes attendre le jour pour pouvoir traverser, et ce soir-là nous eûmes très froid et peur. Enfin, quand nous l’avons fait, nous restâmes 37 jours à Nador, en étudiant comment traverser la frontière. Ce furent les Syriens ceux qui nous expliquèrent tout, et ils nous mirent en contact avec les «facilitateurs». Nous payâmes 600 €, 300 € pour ma femme et 300 € un pour mon fils, et moi je traversai avec ma fille dans mes bras sans besoin de payer, et je ne fus pas arrêté. Cependant, j’eus très peur d’être retourné au Maroc, étant donné ce qui nous avait coûté y arriver.

Nous au Yémen nous avions un statut social, un bon travail. Nous avons des études universitaires, nous pourrions nous intégrer dans n’importe quelle société. Je me sens très privilégié d’avoir parvenu à arriver ici, et je veux apporter quelque chose en échange à la société qui m’accueille. Je voudrais également regrouper ma famille, apporter mon autre femme et mes filles, et vivre tous ensemble dans un pays sûr qui ne cherche pas de conflits. Je désire que mes enfants aient la possibilité d’étudier et de chercher du travail et faire des bonnes choses. En bref, récupérer notre vie.

Testimonios

« Mon intention n’était pas d’arriver en Espagne, mais à n’importe quel pays sûr auquel ma famille pourrait vivre en paix et sans crainte de mourir dans un bombardement. Comme il ne fut pas possible de demander d’asile à l’ambassade d’Algérie, je dus traverser le Maroc pour arriver à Melilla ».

La situation au Yémen était désespérée. Ma famille et moi nous appartenons à une minorité persécutée, et quand la guerre arriva à Taïz, notre région d’origine, au sud du pays, je craignis voir mes enfants mourir. L’un d’eux fut blessé lors un raid aérien, ce qui fut le déclencheur pour décider enfin de fuir en septembre 2015.

Nous allâmes d’abord à Sanaa, la capitale, où il semblait que tout était un peu plus calme, et où m’attend encore ma deuxième femme avec 5 de mes filles. De là, je partis tout seul, pour explorer la voie avant le reste de ma famille. Quand j’essayais d’atteindre Algérie je fis d’abord escale dans un aéroport militaire saoudien, ensuite en Jordanie et finalement à Annaba, où habite un frère de ma femme.

Je suis resté là-bas avec lui pendant 3 mois, en essayant de travailler sur quelque chose qui me permit d’obtenir de l’argent pour continuer le voyage, puis j’arrivai à Oran, la capitale algérienne, où je passai encore 3 mois en attendant pour rencontrer ma première femme et 2 de mes plus jeunes enfants, âgés de 2 et 4 ans, et mon fils blessé, qui ont réussi à me rejoindre en février 2016.

À Oran nous essayâmes de demander d’asile à plusieurs ambassades de différents pays, mais personne ne nous aida, nous dûmes chercher d’autres options pour parvenir à nous installer dans un endroit sûr. À l’ambassade d’Espagne à Oran, ils nous ont même dit que cette option n’existait pas. Nous y rencontrâmes un groupe de Syriens qui nous dit qu’ils allaient à Melilla, et nous décidâmes de nous joindre à eux pour essayer ainsi d’arriver en Espagne. En raison du coût élevé qu’allait nous supposer ce voyage (car nous savions que nous allions devoir payer à des passeurs), nous dûmes laisser notre fils blessé en Algérie avec son oncle, parce que la vente des biens avec valeur qui nous restaient (surtout des bijoux de ma femme) ne serait pas suffisant.

Le plus difficile ce fut de traverser la frontière entre l’Algérie et le Maroc, ce qui nous coûta environ 1 000 euros en total. Les passeurs nous laissèrent seuls la nuit et nous dûmes attendre le jour pour pouvoir traverser, et ce soir-là nous eûmes très froid et peur. Enfin, quand nous l’avons fait, nous restâmes 37 jours à Nador, en étudiant comment traverser la frontière. Ce furent les Syriens ceux qui nous expliquèrent tout, et ils nous mirent en contact avec les «facilitateurs». Nous payâmes 600 €, 300 € pour ma femme et 300 € un pour mon fils, et moi je traversai avec ma fille dans mes bras sans besoin de payer, et je ne fus pas arrêté. Cependant, j’eus très peur d’être retourné au Maroc, étant donné ce qui nous avait coûté y arriver.

Nous au Yémen nous avions un statut social, un bon travail. Nous avons des études universitaires, nous pourrions nous intégrer dans n’importe quelle société. Je me sens très privilégié d’avoir parvenu à arriver ici, et je veux apporter quelque chose en échange à la société qui m’accueille. Je voudrais également regrouper ma famille, apporter mon autre femme et mes filles, et vivre tous ensemble dans un pays sûr qui ne cherche pas de conflits. Je désire que mes enfants aient la possibilité d’étudier et de chercher du travail et faire des bonnes choses. En bref, récupérer notre vie.

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Carte de ressources

Cliquez sur les localisateurs pour voir les organismes qui fournissent de l’aide aux migrants et aux réfugiés Maroc et en Espagne.

Situation au Maroc

Le Maroc a encore un long chemin pour assurer un système d’asile efficace et le respect les Droits de l’Homme des migrants et des réfugiés. Ceci passe par un changement de perspective à la fois des politiques marocaines et des politiques de l’UE et de ses États membres (notamment de l’Espagne), qui concentrent leurs efforts sur la transformation d’autres pays, comme le Maroc en gendarmes de leurs frontières, en donnant priorité à la sécurité sur les droits et les vies humaines. Le Maroc, l’Espagne et l’Union européenne doivent avancer vers des politiques d’immigration qui mettent le point sur les personnes et sur les Droits de l’Homme. En attendant, les migrants et les réfugiés continuent à voir leurs droits violés, en souffrant de graves situations de vulnérabilité et d’impuissance dans leur route migratoire.

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grupo de subsaharianos conversando

Données d’Intérêt

Guide de ressources

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cruce de caminos

Guide d'identification des dossiers d'asile

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maleta

Brochure du projet

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pasaporte

Dossier des ateliers

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conversación

Matériaux de sensibilisation

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